Frère Jean-Baptiste Rendu
Couvent Saint-Thomas-d'Aquin à Lille
Frère Jean-Baptiste Rendu
Couvent Saint-Thomas-d'Aquin à Lille
“C’est bientôt la fin ! Ce 33ᵉ dimanche du temps ordinaire marque en effet l’entrée dans la dernière semaine de ce cycle, juste avant la solennité du Christ Roi. Les textes liturgiques de ce dimanche nous invitent à méditer sur la fin des temps et sur l’accomplissement des promesses du Seigneur scellées par sa venue glorieuse. Attention donc, frères et soeurs, le Seigneur vient ! Sommes-nous prêts ?
Évangile
Luc 21, 5-19
En ce temps-là, comme certains disciples de Jésus parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? »
Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. » Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel.
Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »
Frères et sœurs, quelques mots suffisent pour résumer les lectures de ce jour : « Le JOUR DU SEIGNEUR est TOUT PROCHE, SA VENUE EST IMMINENTE » ….
Cette affirmation ne peut pas nous laisser indifférents. Mais cette annonce, frères et soeurs, est-ce une bonne ou mauvaise nouvelle ? Certains l’entendent avec sérénité, tandis que d’autres y perçoivent, au contraire, de l’inquiétude. Qu’est-ce qui nous fait pencher d’un côté ou de l’autre ?
À regarder de près les lectures de ce jour, il semblerait que le contexte de notre vie entre en considération. Dans la première lecture, le prophète Malachie s’adresse à un peuple découragé. Revenu d’exil, il a reconstruit le temple de Jérusalem, mais la foi s’étiole. Même les prêtres se laissent aller. Ils célèbrent sans ferveur, et beaucoup s’interrogent : « Mais que fait Dieu ? Nous aurait-il oublié ? ». Dans ce climat de lassitude et d’injustice, l’annonce de la venue du Jour du Seigneur retentit alors comme une bonne nouvelle : Dieu n’a pas oublié son peuple, il va remettre les choses à leur place !
Lorsque Jésus annonce la Venue toute proche du JOUR DU SEIGNEUR, le contexte est tout autre. Le temple de Jérusalem, agrandi par Hérode, est à son apogée : une esplanade de 144 000 m², soit neuf fois la surface actuelle de la basilique Saint-Pierre ! Plus de 7 000 prêtres et 11 000 lévites y officient, et les pèlerins affluent. Bref, tout semble aller pour le mieux ! Alors, quand Jésus annonce la fin de ce monde religieux bien installé et florissant, ses paroles sonnent comme une provocation.
Au-delà du contexte, il y a aussi notre manière personnelle de concevoir Dieu. Si nous l’imaginons justicier et vengeur, le Jour du Seigneur ne peut qu’inspirer la peur. Mais si nous le reconnaissons comme un Père aimant, désireux seulement d’aimer et d’être aimé, alors cette venue devient un motif d’espérance et de joie, et nous attendons ce jour comme un enfant qui trépigne dans l’attente d’un jour de fête (plus qu’un dodo !)
Et pour vous, frères et sœurs, qu’en est-il ? L’annonce de la VENUE IMMINENTE DU JOUR de DIEU, est-ce une BONNE ou une MAUVAISE nouvelle ?
Cette question, c’est la question posée à Jésus par ses disciples : « Maître, quand cela arrivera-t-il et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » À ce questionnement, comme bien souvent, Jésus ne répond pas si ce n’est de « prendre garde à ne pas se laisser égarer ». En réalité, son silence est déjà une réponse. Ne pas répondre, c’est une façon de signifier que certaines questions n’appellent pas de réponse, car elles ne touchent pas à l’essentiel de la foi en Jésus-Christ. Nous le savons tous : la vie n’est pas une répétition sans fin, mais un chemin qui a une fin. Tôt ou tard, chacun de nous rencontrera ce moment ultime. Et, au fond, peu importe d’en connaître le jour ou l’heure, ce qui compte, c’est la manière dont nous cheminons et nous accueillons la présence du Seigneur à nos côtés.
Faut-il y voir une invitation à la résignation ? Je ne le pense pas. Il y a une différence fondamentale entre consentir et se résigner : la résignation, c’est abandonner, baisser les bras. Le consentement, au contraire, c’est les ouvrir grand, à la mesure de toute la vie. En consentant, nous choisissons d’engager le meilleur de nous-mêmes pour vivre pleinement, plutôt que de gaspiller notre énergie à nous lamenter en vain sur le sort de notre existence !
Pour nous aider à consentir, Jésus nous offre deux conseils précieux : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ». Autrement dit : n’entretenez aucune crainte ! Dieu veille sur chaque détail de nos vies. Alors sii nous croyons en sa Providence bienfaisante, pourquoi redouter ce qui vient ? Pourquoi craindre l’avenir ? « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie ». La persévérance est une grâce, un don de Dieu. Elle nous unit au Christ jusqu’au bout du chemin. Persévérer, c’est entretenir chaque jour la présence du Seigneur, ce compagnon fidèle qui marche à nos côtés.
Il y a les conseils laissés par Jésus, mais il y a aussi le conseil du prophète MALACHIE : à mes yeux c’est le meilleur, surtout en ces jours un peu morose car il nous recommande de nous « laisser bronzer au soleil de la justice » ! Nous le savons : le soleil peut être à la fois brûlant et bienfaisant. Selon les circonstances, il blesse ou il guérit. Il brûle certains, tandis qu’il restaure d’autres. Comme le rapporte le prophète Malachie : « Tous les arrogants, ceux qui commettent l’impiété, seront comme de la paille, le jour qui vient les réduira en cendres… Mais pour vous qui craignez mon nom, il sera source de guérison. »
Alors, comment savoir à quelle catégorie nous appartenons ? Arrogants ou craignant Dieu ? La réponse est sans doute un mélange des deux. Aucun de nous n’est entièrement bon, ni entièrement mauvais. En chacun coexistent une part d’orgueil et une part d’humilité, un peu d’arrogance et une crainte respectueuse de Dieu…
C’est donc au cœur de chacun que s’opérera le discernement : ce qui est semence de vie germera sous la lumière de Dieu, tandis que ce qui n’est que paille sera consumé. Tout ce qui, en nous, reflète ou espère l’amour divin sera transfiguré. Mais ce qui, en nous, s’oppose à cet amour, brûlera comme de la paille. En voilà, frères et soeurs, une bonne nouvelle !
Alors oui, soyons sans crainte ! « Le Jour du Seigneur est tout proche, sa venue est imminente. » Et la plus belle préparation, c’est d’accueillir ce don inestimable qu’est la vie, ce souffle d’existence que le Seigneur renouvelle à chaque instant. Accueillir la vie. Et vivre. Pas à moitié, pas en retrait, mais avec tout ce que nous sommes. Et en ce dimanche, nous qui sommes invités à la Table du Seigneur, accueillons le Pain de vie, celui qui nourrit et soutient notre existence.
Notre Père qui es aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite
Sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui
Notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses
Comme nous pardonnons aussi
À ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
Mais délivre-nous du mal.
Car c’est à toi qu’appartiennent
Le règne, la puissance et la gloire
Pour les siècles des siècles.
Amen
Interprété par les Fraternités Monastiques de Jérusalem
Extrait du CD Cantate Jerusalem
℗ ADF-Bayard Musique
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18 commentaires
Rédiger un commentaire« "Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux !"
Voilà, le jour du Se... »
Isabelle - 16 novembre 2025 - 21:01
« Dieu ne se contredit pas. Son langage est toujours aussi clair en ce qui concerne une discipline de vie. Il nous dit bien quelle récompense attend les arrogants et parle de déracinement, d ébranchage.... »
LYS DANS LA VALLEE - 16 novembre 2025 - 20:01
« Magnifique votre explication. Encourageante, vivifiante. Persuasive et pleine d'espérance sans être mièvre. Vraie. Sans détour. Merci, vraiment merci. Je fais des captures d'écran et j'imprime et j'af... »
Christiane - 16 novembre 2025 - 14:30
« Merci Frère Jean-Baptiste ! »
Xavier BRUNEL - 16 novembre 2025 - 14:05
« Merci, Frère Jean-Baptiste, pour votre méditation.
Vous posez la question :
"L'annonce de la venue du Seigneur est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle pour nous ?
Pour ceux qui croient en un Dieu ... »
Geneviève - 16 novembre 2025 - 13:23
« Bonjour chers Dominicains,
j'apprécie beaucoup vos messes dominicales à la TV, un grand merci car le couvent des Dominicains à Tours est vide, les Frères sont partis, cela a causé beaucoup de tristess... »
GL37 - 16 novembre 2025 - 10:42