Frère Luc Devillers
Couvent Saint-Thomas-d'Aquin à Lille
Frère Luc Devillers
Couvent Saint-Thomas-d'Aquin à Lille
“Quelques jours après la fête de Noël, contemplons la Sainte Famille : Joseph et Marie entourent de tout leur amour et de toute leur attention l’enfant qui vient de naître : Jésus, dont le nom signifie « Dieu sauve ».
Évangile
Matthieu 2, 13-15.19-23
Après le départ des mages, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.
Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. » Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël. Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Vous connaissez tous cette préparation à base de lait et de crème qu’on appelle le « petit-suisse ». Elle trouve son origine à la jonction de la Picardie et de la Normandie, mais a bénéficié des conseils d’un vacher suisse. Une petite blague consiste à demander à quelqu’un : « Savez-vous comment on fait les petits-suisses ? » La personne répond : « Non ! », bien sûr. « Eh bien, les petits Suisses, ça se fait exactement comme les petits Français ! » Eh oui, tous les enfants du monde se font de la même façon ! Parfois la nature pose quelques difficultés : on peut alors avoir recours à une technologie médicale de plus en plus sophistiquée, pour tenter de surmonter l’obstacle. Mais ça ne change rien au fait que, pour « faire » un enfant, il faut un papa et une maman ! Et c’est ainsi que naissent les familles, chacune à sa façon. Car des modèles de famille, il y en a beaucoup, comme l’a reconnu le synode sur la famille, convoqué par le pape François.
Mais aujourd’hui, dans la foulée de la célébration du mystère de Noël, arrêtons-nous quelques instants pour contempler la sainte Famille. Or, l’Église ne se contente pas de nous inviter à la contempler, elle veut encore que nous l’imitions ! C’est ce que disait l’oraison du début de cette messe : tu as voulu, Seigneur Dieu, que la Sainte Famille nous soit donnée en exemple ; accorde-nous, dans ta bonté, de pratiquer comme elle les vertus familiales… Mais comment pourrions-nous imiter la Sainte Famille, unique en son genre ? Car elle ne ressemble guère à nos familles de la terre. Il y a bien saint Joseph, mais on nous dit qu’il n’est pas le papa. Et dans nos crèches, il occupe souvent une place discrète vers le fond, près de l’âne ou du bœuf. Certes, comme Joseph est un homme juste, il va obéir à l’Ange du Seigneur, prendre chez lui Marie son épouse. Et il s’occupera comme un père du petit enfant qui vient de naître. Il s’en fera le père nourricier, mais il n’en est pas le père. Regardez maintenant la maman : là, pas de problème, Marie est bel et bien la mère de Jésus. Mais ce n’est pas une mère comme les autres, puisque l’évangile nous dit qu’elle est vierge, selon la prophétie d’Isaïe. Enfin, considérez l’enfant qui vient de naître : c’est un véritable enfant, un « petit d’homme », un bébé de chair et d’os, qui crie, qui pleure, qui va grandir, se développer, pousser ses premières dents, apprendre à parler, etc. Lorsqu’il aura douze ans, on le retrouvera assis au milieu des docteurs de la Loi, dans le Temple de Jérusalem, et il les étonnera par son intelligence spirituelle. Mais, pour le moment, c’est un bébé comme tous les autres, comme il en naît tant chaque jour dans le monde. Et pourtant, cet enfant nouveau-né, nous le confessons aussi comme notre Dieu, le Fils unique du Père, qui vient nous libérer du péché !
Comment donc la Sainte Famille, composée d’une si étrange manière par trois personnes hors du commun, comment peut-elle devenir pour nous un exemple ? La liturgie de ce jour nous invite à purifier notre vision de la famille, à comprendre autrement la notion de famille.
Pour nous, une famille, c’est avant tout la réunion, plus ou moins heureuse et réussie, d’êtres humains liés par les liens de la chair et du sang : union charnelle des parents, et par là association entre deux familles ; et union par le sang des frères et sœurs entre eux, comme avec leurs parents. Or, ce qui nous paraît le plus naturel peut devenir dramatique. Car fonder sa vie, sa lutte pour la survie, sur la défense des liens du sang peut conduire aux pires situations : instinct de tribus, crimes d’honneur, népotisme ou souci de placer ses proches aux meilleures places dans la vie. Et, finalement, égoïsme à plusieurs. La situation totalement décalée de la Sainte Famille par rapport à nos familles nous fait comprendre ce qui compte pour Dieu : ce ne sont pas les liens du sang, du clan, mais les liens de l’amitié, du respect des différences. Tous ces liens d’ordre spirituel dont saint Paul nous parlait dans sa lettre : amour, tendresse, humilité, patience, pardon, souci de l’unité.
Aujourd’hui, nous ne célébrons pas la fête d’un clan : ni le nôtre, ni même celui de Dieu. Mais la fête de la Sainte Famille peut devenir notre fête si nous acceptons d’écouter la Parole de Dieu, le Christ, Verbe fait chair. Lui seul nous donne le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Alors, en lui, par lui, avec lui, nous ne formerons plus qu’une seule famille : le Royaume de Dieu, la Maison du Père. Et Dieu se révélera pleinement comme le Père de tous, dans l’Esprit et son Fils unique, Jésus, notre frère aîné. Amen !
Je vous salue Marie, pleine de grâce ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes
Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l’heure de notre mort.
Amen
Interprété par les Fraternités Monastiques de Jérusalem
Extrait du CD Cantate Jerusalem
℗ ADF-Bayard Musique
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À vous la parole
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