“Nous sommes dans la synagogue de Capharnaüm. C'est l'heure de vérité : entre les juifs et Jésus, rien ne va plus. Il faut dire qu'il y a de quoi en dérouter plus d'un. Que veut-il dire exactement quand il déclare qu'il nous donne sa chair à manger ?! Quant à nous, ne nous sommes-nous pas trop habitués à ce mystère au point que nous cessons de nous en étonner, même quand, à chaque messe, on nous dit « Le corps du Christ » ? Avons-nous conscience de la nécessité de recevoir en compagnie de nos frères et sœurs et en la personne du Christ, la seule nourriture qui peut nous rassasier ?
Évangile
Jean 6, 51-58
En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Méditation
Manger, c’est détruire ! On peut bien être végan, on n’y coupe pas. Ce qu’on mange, on l’assimile, on le transforme en soi.
C’est un peu comme l’amour humain, malheureusement. L’amour, malgré les bons sentiments, aiguise l’appétit. Ce que j’aime, je veux le saisir, l’étreindre… au risque de l’étouffer, voire de l’engloutir. Mais attention ! Cette voracité est réciproque : c’est l’objet aimé qui pourrait bien m’absorber en lui ! Dévorer ou être dévoré ? Finalement, il n’y a pas que les bêtes qui soient soumises à ce genre de régime…
En s’offrant à nous en nourriture, Jésus nous sort de cette impasse. Son corps « livré pour nous » est un aliment d’un genre inouï : un « pain vivant » et « qui donne la vie » ! Ce pain-là, disait saint Augustin, je ne le transforme pas en moi quand je le mange ; c’est lui qui me transforme en lui ! Ici, rien ni personne n’est détruit ; au contraire, cette union est source de vie.
Tel est le régime du Dieu vivant : le Père est dans le Fils, le Fils est dans le Père ; chacun repose en l’autre, sans être dissous par lui. Cette qualité d’amour dépasse nos rêves les plus fous. Mais déjà, Jésus nous permet d’en savourer quelque chose quand nous sommes unis à lui par la foi : lui en nous et nous en lui.
Cet avant-goût du Paradis, nous l’avons quand nous partageons le pain de la Parole et de l’Eucharistie. C’est l’expérience brûlante qu’ont faite les disciples d’Emmaüs ; depuis deux mille ans, elle ne cesse de se reproduire.
Chant
Depuis l'aube des âges
Il cherche notre visage ;
Il a tant désiré
La coupe du partage,
Le pain de pauvreté,
Qu'il vient à notre image.
Les mains nues, sans défense,
Il vient pour tenir l'alliance ;
Il saura désormais
Le prix de l'espérance,
L'angoisse quand l'ivraie
Étouffe la semence.
Il vient rompre nos chaînes,
Nous prendre aux terres lointaines ;
N'est-il pas tout-puissant,
Celui que l'amour mène ?
Il sauve en se donnant,
Sa Pâque nous entraîne.
Interprété par les Frères dominicains
Aux Hébreux, angoissés par la faim, Dieu a donné la manne. Mais ils ont eu faim à nouveau et ils sont morts. Cette semaine, prenons conscience de ce que représente l'Eucharistie dans nos vies. En donnant son corps en nourriture comme un pain de vie, Jésus signifie que lui seul peut nous combler. Il nous donne l'assurance de la vie éternelle. Chaque dimanche, le Seigneur nous invite à sa table parce qu'il s'agit d'une noce. Il sait que nous y serons heureux : « Heureux les invités au repas des noces de l'Agneau » ! Croyons-nous que si nous répondons présent, nous serons heureux ? Croyons-nous qu'à ce repas, l'éternité fera irruption dans notre présent ?
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À vous la parole
17 commentaires
Rédiger un commentaire« Je voulais vous remercier Père Sylvain puisque j’ai eu le bonheur de partager avec vous le Pain de l’Eucharistie et le pain de la table à Beaufort. Ce fut un petit moment de paradis
Lire la suiteBon dimanche ... »
C Frigout - 18 août 2024 - 10:59
« L'amour est la première nourriture qu'il nous faut pour vivre.
Lire la suiteUn enfant abandonné, peut se laisser mourir. Il ne grossit pas, ne se développe que très lentement.
Adopté, il trouve l'amour dans les br... »
Geneviève - 18 août 2024 - 10:49
« « Croyons-nous que si nous répondons présent, nous serons heureux ? Croyons-nous qu'à ce repas, l'éternité fera irruption dans notre présent ? »
Lire la suiteL’expérience m’a montré que ce n’est pas toujours le ca... »
Patricia - 18 août 2024 - 9:19
« Excusez moi, mauvaise manipulation
Lire la suite.
Merci à toutes les personnes qui participent à cet »
Raymonde - 18 août 2024 - 9:03
« Merci à toutes les personnes qui participent à la préparation de ce »
Lire la suiteRaymonde - 18 août 2024 - 9:00
« Bonjour,
Lire la suiteMerci pour votre méditation frère Sylvain.
Le Pain de Vie nous transforme.
De la mortalité à l’immortalité.
De la vie terrestre à la Joie Céleste.
Ce dimanche à la gloire de notre Seigne... »
Vincent H - 18 août 2024 - 8:27